Yseult n'écoute que partiellement ce qu'on lui dis, ce qui en fait une audit plutôt désagréable. Elle a une obsession pour la transparence, qui lui vaut de traquer l'irrégularité, au détriment de toutes injonctions et tout démêlés. Paradoxalement, c'est donc sa vigilance qui la rend si dissipée. Cela dis, elle n'est pas très ouverte pour commencer. Elle se révèle sèche et pragmatique. Indisposée à la sympathie. Bourrue dans ses tentatives. Elle ne souhaite s'en tenir qu'à l'essentiel et ça se traduit souvent par un langage franc, cru de vérités.

Elle n'en est pas moins cultivée. Issue de l'illustre famille des Somerset, Yseult est une noble dame qui a passé ses classes. Nonobstant leurs non-dits et leurs hypocrisie, elle se fait ainsi l'interprète des notables et autres lettrés. Elle reprend alors leurs propos, mi à l'interrogatif, mi à l'exclamatif, et dans des termes déjà plus accessibles aux roturiers. Tout ça reste rhétorique. Yseult a surtout horreur de la manipulation et réagit farouchement à son encontre.

Notons la fadaise puisqu'elle même use de mensonges sans gêne, ni considération. Dans son désir cupide de tout savoir, il est plus juste d'admettre qu'elle prêche la malhonnêteté de ses tiers pour justifier son indiscrétion. Yseult n'a que peu d'estime pour la sphère privé - la sienne comme celle des autres - et c'est donc un argument de défense dont elle a toujours un peu de mal à se soucier.

Mis à part ces points qui, minent de rien, la font passer pour une misanthrope inapte à la plus élémentaire diplomatie, Yseult est d'une bonté rare. Ses réprimandes et insultes ne sont que le reflet de ses inquiétudes - son indiscrétion, celle de sa volonté d'aider. Elle est d'ailleurs bien incapable de tuer. Son arme, efficace sans être létale, en est un bon présage. Si Yseult a rejoins les chevaliers, c'est avant tout pour protéger.

Ranaghar se veut si avant-gardiste, et en même temps si pittoresque quand on la compare à sa sœur Eclarion. La vieille ville, et son architecture victorienne si nostalgique, se pare des quelques dernières prouesses technologiques de l'empire. Quelques pompes à chaleur partagent aujourd'hui la compagnie des bâtisses de pierre et de tuiles. Le ciel y est éternellement gris, et le vieux port, dépassé par le nombre de navires, ne sert guère plus qu'à indiquer les portes de la ville. Tous débarquent au lointain à présent, là où s'élèvent d'hautes cheminées, les nouveaux phares de ces temps modernes. La vie aux bords des côtes n'en est pas moins vive. Un climat hostile y règne, relent d'une course à la technologie. Ramené par les vagues, c'est un moteur à turbines qui cette fois flotte à la surface ! Vestiges pour l'empire, signe d'une avancée fulgurante pour autrui, les autochtones n'hésitent pas à fouiller les épaves de ces vaisseaux écrasés. Tout cela participe au développement de la ville. Forcément elle appelle aussi les chevaliers à superviser la ruée.

Yseult est de fonction tutélaire ce jour là ; avec quatre autres. Il s'agit alors davantage de quadriller, mais la jeune femme impose tout de même de sa personne. Après tout, ils sont encore en Lixina, et tout dans sa tenue prête à y voir un pur produit de la capitale. Chemise, gants et ceinturons. Points de coutures et bottes à talons. Corset particulier en cela qu'il s'allonge. Sans compter les pièces d'armure. Dans son allure, ils voient le prestige. Dans leur regards, elle voit la crainte des représailles. Pas un mot, et pourtant tous s'écartent à son passage. Yseult soupire de ce dégonflage. Quoiqu'il en soit, ennuyée de ce travail, elle s'amuse à tenir ces regards et à jouer de leurs angoisses.

Malgré, un homme sourcille à peine à sa provocation. Pire qu’affrontée ou éludée, il l'a clairement snobée. A s'approcher, on aurait pu entendre Yseult feuler. Elle n'aimait pas l'arrogance des autres, et celle de cet homme valait bien la sienne. Le toisant d'haut en bas, elle s'en fait tout un sujet. Il avait le pas pressé, comme tant d'autres à cette occasion. Le teint étranger aussi, mais portant gants et tablier ; une tenue typique des machinistes d'ici. Acharnée, Yseult ne le lâche néanmoins pas, et c'est au bout de vingt minutes qu'enfin, on le sent mal d'être ainsi suivi. Étonnement, il ne rouspète de rien. Plutôt il s'en va loin de cette foule, loin des chevaliers, et surtout d'Yseult. Il s'en va contempler les étals, fraîchement ouverts, et déjà riches de leurs récentes trouvailles. Quittant jusqu'à son poste, Yseult continue malgré à le suivre. Peut être a-t-elle remarqué que son physique ne convenait pas au métier de machiniste ? Peut être a-t-elle senti sa panique ? Elle reste malgré tout surprise par la lame rétractable et sa fuite.